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Essai d’une LANCIA type « Ardennes »

La Lancia "Ardennes" sur la route en 1937

Extrait de la Vie Automobile 1937

CARACTÉRISTIQUES DE LA VOITURE

Moteur à 8 cylindres en V étroit, de 72 millimètres d’alésage et 83 millimètres de course.

Bloc-moteur en aluminium avec chemises en fonte dure rapportées.

Cylindrée : 1.352 centimètres cubes.

Puissance effective : 47 CV à 1.000 tours-minute.

Soupapes en tête commandées par culbuteurs.

Pistons en alliage d’aluminium.

Bielles en alliage d’aluminium.

Alimentation par pompe mécanique et carburateur Zénith inversé.

Réservoir à l’arrière, d’une contenance de 50 litres environ.

Allumage par batterie et distributeur (6 volts).

Refroidissement par circulation d’eau avec dispositif de réglage automatique de la température.

Suspension du bloc-moteur par système breveté de fixation élastique, avec dispositif amortisseur de vibrations.

Embrayage à disque unique, fonctionnant à sec.

Boîte de vitesses à 4 vitesses avant et une marche arrière ; la 2e et la 3e sont silencieuses, cette dernière étant synchronisée ainsi que la prise directe.
Suspension avant à roues indépendantes à chandelles, selon le système classique Lancia.

Suspension arrière également à roues indépendantes, par système spécial combiné : un ressort transversal, qui appuie sur deux bras oscillants, supporte la charge statique de la voiture, tandis que deux barres de torsion, qui prennent appui sur les mêmes bras, absorbent les différences de charge produites soit par les aspérités de la route, soit par la force centrifuge dans les virages.

Châssis à haute rigidité formant carrosserie.

Freins sur les 4 roues à commande hydraulique (Lockheed). La commande du frein à main est indépendante.

Dimensions des pneumatiques : 140 X 40.

Voie : 1m,260.

Empattement : 2m,750.

Poids de la conduite intérieure essayée : 800 kilogrammes.

Nombre de kilogrammes par cheval du moteur, au régime de la puissance maximum : 17,02.

Prix de la voiture : 45.500 francs.

Itinéraire de l’essai. — L’essai de la Lancia « Ardennes » a été fait le samedi 24 juillet, sur le parcours Paris- Chartres-Tours et retour pur Blois- Orléans-Étampes. Les mesures rela­tives aux vitesses moyennes, tant partielles que générales, ont leur ori­gine au départ de Paris. Au retour. on n’a chronométré que jusqu’à Arpajon, car on a ensuite quitte la route nationale à Linas pour se rendre à l’autodrome afin d’y effectuer en toute tranquillité les mesures relatives à l’accélération et au freinage. Enfin, le temps, s’est montré variable pendant l’essai : route légèrement humide jus­ qu’à Rambouillet, puis sèche jusqu’à Blois, où on a rencontré la pluie qu’on n’a quittée qu’au voisinage immédiat de la capitale.

Vitesse moyenne.— Le graphique de fessai montre que les 433 kilo­ mètres du parcours ont été accomplis en cinq heures une minute, ce qui correspond à une moyenne générale de 86km,5 à l’heure. Il faut tout par­ticulièrement noter les 58 kilomètres qui séparent Tours de Blois, par les bords de la Loire, parcourus en qua­rante minutes, ce qui fait 87 de moyen­ ne. Pour qui sait combien cette route est sinueuse, voilà qui prouve hautement l’extraordinaire tenue de route de la Lancia « Ardennes ». Noter aussi Rambouillet-Chartres (par Ablis) à près de 110 de moyenne.

Vitesse maximum. — Plusieurs mesures ont donné 125 kilomètres à l’heure.

 Consommation d’essence.—Exactement 10 litres aux 100 kilomètres : rapprochez ce chiffre de la moyenne réalisée, je ne crois pas me tromper en affirmant qu’il s’agit là de la plus éton­nante performance dont soit capable une voiture automobile.

 Consommation d’huile. La baisse du niveau dans le carter était trop faible pour pouvoir être mesuré utile­ment : on peut admettre comme maxi­mum 1 litre au 1.000 kilomètres.

 Consommation d’eau. — Mémoire.

 Essai d’accélération. Le gra­phique habituel donne les résultats de l’essai de démarrage : on y remarque la qualité des reprises de la Lancia « Ardennes ».

 Essai de freinage. — Là aussi, comme d’habitude, on se reportera au graphique ci-joint.

Déjà les quelques chiffres donnés ci- dessus ont fait comprendre à nos lecteurs qu’on se trouve, avec la Lancia « Ardennes », en présence d’une exécu­tion de grande classe. En particulier, faire près de 87 de moyenne en consommant seulement 10 litres d’essence aux 100 kilomètres constitue une performance qui, jusqu’à présent, n’avait jamais été réalisée, du moins à notre connaissance.

 Aussi bien, le résultat s’explique plus facilement si on tient compte à la fois du poids de la voiture cl de la puis­sance effective du moteur. Si celui-ci monte aisément à 4.300 tours sans aucunement vibrer, cela tient à sa conception, très particulière à Lancia : 4 cylindres en V étroit, permettant d’avoir un vilebrequin de 22 centimètres seulement de longueur : voilà pourquoi on n’enregistrera jamais la moindre vibration. 47 CV avec 1.350 centimètres cubes : cela tient à la forme remarquable de la culasse, à la position très favorable de la bougie, à la légèreté de l’équi­page en mouvement : les bielles, comme les pistons, sont en alliage d’aluminium, etc. Et l’ensemble de la voiture pèse 800 kilogrammes seulement : il n’y a pas de châssis, mais une sorte de coque.

 Lancia a été le premier au monde à uti­liser cette formule, permettant évidem­ment la rigidité maximum : d’où l’étonnante tenue de route de l’ « Ar­dennes ». Suspension de tout premier ordre également, tant à l’arrière qu’à Cuvant, grâce aux quatre roues indépendantes, qui ont d’autre part permis de réduire, au minimum le poids non suspendu, puisque le différentiel est lui-même fixé à la coque. Direction remarquable de douceur et de précision, freins excellents.

 Et toute la mécanique proprement dite est de première classe. Savez-vous que même les arbres de la boîte de vitesses sont montés sur roulements à aiguilles ? Bref, une voiture aux possibilités étonnantes, qui est sans contredit la meilleure 8 CV du monde.

René-Charles FAROUX