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1936 – Renault Viva Grand Sport – Le test sur route

Depuis quelques semaines, nous avons commencé à publier la documentation technique et historique des véhicules qui sont au cœur de notre activité, c’est-à-dire les voitures françaises d’avant-guerre.
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L'essai de la Renault Viva Grand Sport de 1936

Transcription de l’article publié dans La Vie Automobile, de 1936 du 10 décembre.
Auteur : Henri Petit

Il est notoire qu’à l’époque, sans limitation obligatoire de vitesses sur les routes, on reste très prudent dans la traversée des villes. 19 litres au 100 km sur Bordeaux – Paris! Il est vrai que c’est un grosse bonne berline qui était chargé.

On pourra comparer la Viva Grand Sport à la Bentley 4L250analysée précédemment. On n’est pas dans la même catégorie mais la Viva aura tout de même le mérite d’afficher un prix attractif.

Si vous avez des questions sur l’article, n’hésitez pas à nous contacter directement !

l'essai

CARACTÉRISTIQUES DE LA VOITURE

   Moteur 6 cylindres monobloc, de 85 millimètres d’alésage et 120 millimètres de course, à soupapes latérales.
   Cylindrée : 4L085.
   Culasse en aluminium.
   Taux de compression : 6.
   Vilebrequin supporte par 4 paliers en acier régulé.
   Alimentation par pompe mécanique et un carburateur Stromberg inversé.
   Contenance du réservoir : 107 litres.
   Allumage par batterie et distributeur à avance semi-automatique (6 volts).
   Bougies de 14 millimètres.
   Capacité de la batterie : 120 ampères-heure.
   Graissage sous pression.
   Contenance du carter d’huile : 7 litres.
   Circulation de l’eau de refroidissement par thermosiphon.
   Capacité du système de refroidissement : 18 litres.
   Embrayage à disque unique fonctionnant à sec.
   Boîte de vitesses à trois vitesses avant et une marche arrière du type à deux baladeurs commandés par levier central oscillant. La deuxième est silencieuse et elle est synchronisée, ainsi que la prise directe.
   Rapport du couple conique du pont arrière : 11 x 41.
   Poussée et réaction par tube central.
   Poids de la voiture en ordre de marche : 1 600 kilogrammes.
   Voie avant et arrière : 1,454 m
   Empattement : 2,960 m.
   Direction à vis et doigt tournant, placée à gauche. Diamètre de braquage : 12 mètres.
   Freins à friction sur les quatre roues, à commande directe.
   Suspension avant par deux ressorts droits avec jumelle à l’avant. La main de ressort du côté de la direction comporte un amortisseur en caoutchouc. Suspension arrière par ressort transversal.
   Quatre amortisseurs hydrauliques. Dimensions des pneumatiques : 14 x 45. Prix de la voiture essayée (conduite intérieure 6 places, 4 portes): 28.900 francs.

 

Itinéraire de l’essai — L’essai dont on trouvera ci-après le compte rendu a été fait le dimanche 24 mai 1936, par très beau temps. On a parcouru environ 360 kilo­mètres (trajet Paris-Lisieux et retour) Les mesures habituelles relatives à la vitesse moyenne ont été faites sur le trajet Saint-Germain-en-Laye – Lisieux, accompli le matin. On a également, au cours de ce trajet, chrono­métré à différentes reprises la vitesse maximum de la voiture. Au retour, on a marché beaucoup moins vite, en raison de l’encombrement de la route.

Vitesse moyenne — Les mesures relatives aux moyennes, tant partielles que générales, ont été effectuées sur les 150 kilomètres qui séparent Saint-Germain-en-Laye de Lisieux. Les résultats en sont consignés sur le gra­phique joint à cet article. On y re­marque que le temps
total est de 1h 44, ce qui correspond à une moyenne générale de 86,5 km à l’heure. Ce chiffre est à retenir comme une preuve manifeste de la qualité de la performance de la voiture essayée, car, du fait que l’essai a été fait un dimanche matin, la route était assez encombrée, et, en fait, au cours des 31 premiers kilomètres (Saint-Ger­main – Mantes), on s’est trouvé con­traint à de nombreux ralentissements : la preuve en est dans la moyenne, relativement peu élevée dans cette section, de 69 kilomètres à l’heure.

Vitesse maximum de la voiture. — Plusieurs chronométrages nous ont donné une vitesse maximum comprise entre 129 et 130 kilomètres à l’heure.

 

Ci-dessus, Fig. 1 – Graphique de l’essai effectué.

Consommation d’essence. — On a mesuré la consommation totale pour les 360 kilomètres accomplis : le chiffre relevé est de 56 litres. Ceci correspond à 15,55 litres aux 100 kilo­ mètres.

Consommation d’huile. — Naturellement, la baisse de niveau du lubrifiant dans le carier était trop faible pour pouvoir être mesurée utilement, bien que l’on ait marché le matin à très vive allure : c’est là l’heureuse conséquence d’un usinage extrêmement précis.

Consommation d’eau. — pour Mémoire.

Essai de démarrage.— Nos lecteurs voudront bien se reporter au graphique joint à cet article. Ils y verront la qualité des démarrages et des reprises de la Viva Grand Sport. On est très vite à 100 (500-600 mètres).

Essai de freinage. — Là encore on consultera le graphique joint. L’arrêt obtenu à 80 à l’heure en 28 mètres sans que la voiture se déporte le moins du monde nous semble particulièrement probant.

Les chiffres ci-dessus montrent que la Viva Grand Sport est une voiture dont la «performance» est remarquable en tous points.
En fait, le moteur demeure toujours silencieux et ne vibre absolument pas, à aucun régime. On dispose toujours, avec lui, d’un important excédent de puissance, comme le prouve la tenue en côte de la voiture. Veut-on des chiffres à ce sujet ? La fameuse rampe de Rolleboise, attaquée à 100, est également finie à 100 (deux occupants à bord de la voiture). La grande côte qui se trouve à la sortie de Bonnières, quand on quitte la route de Rouen pour se diriger vers Pacy-sur- Eure, est montée à une allure soutenue aux environs de 80.

Par ailleurs, le moteur de la Viva Grand Sport est particulièrement économique, comme le montrent les chiffres précités relativement aux con­ sommations d’essence et d’huile. Pour l’huile, c’est une question d’usinage : pour l’essence, le carburateur inversé, la culasse en aluminium, etc., sont autant de facteurs responsables.
L’embrayage est progressif à souhait, et sa commande ne demande que le minimum d’efforts.

Ci-dessus, Fig5 – Diagramme du parcours Bordeaux – Versailles

Bonne boîte de vitesses : en particulier, la deuxième demeure toujours absolument silencieuse. Les freins sont très progressifs et parfaitement équilibrés.

La direction est à la fois très douce et précise : exempte de réactions, elle revient particulièrement bien après un virage.
La tenue de route est de tout premier ordre : il ne fait aucun doute que la Viva Grand Sport est très bien centrée, et, comme son châssis est par­ticulièrement rigide, puisque composé d’éléments tubulaires… concluez vous- mêmes.

La suspension est très satisfaisante : aussi bien le confort se trouve encore accru par la qualité et la forme des sièges de la voiture. Il est très rare, dans une carrosserie de grande série, de trouver des fauteuils aussi bien profilés que ceux qui équipent d’ailleurs toutes les Renault. J’ai bien apprécié aussi le petit accoudoir atte­nant à la porte, et qui est si agréable pour le bras gauche du conducteur : on peut, avec la Viva Grand Sport, accomplir les plus longues étapes sans ressentir la moindre fatigue à l’arrivée.

Reportez-vous, d’autre part, aux chiffres donnés ci-dessus relativement à la vitesse moyenne et à la consommation, et convenez qu’on se trouve en présence d’une  voiture capable d’une haute performance.  Fig. 5. — Diagramme du parcours Bordeaux-Versailles (Enregistreur T. E. L.). Songez alors à son prix de vente incroyablement bas. René Charles-Faroux. Je n’ai pas grand’chose à ajouter au compte rendu d’essai que vient de présenter René Charlcs-Faroux.

Toutefois, comme je me suis servi d’une Viva-Grand-Sport pendant mes vacances, je puis donner ici quelques renseignements, d’utilisation pratique de la voiture.

A aucun moment, il ne s’est agi de battre des records, ou même d’essayer la voiture à fond; nous donnons ci-contre le graphique de marche d’un retour Bordeaux-Versailles à une moyenne honorable. On remarquera que la vitesse maximum s’est toujours tenue entre 100 et 110 kilomètres à l’heure, et que les villes ont été traversées très prudemment. La voiture était très fortement chargée (quatre personnes, deux chiens, nombreux bagages), routes très encombrées d’un bout à l’autre du parcours.

La consommation pour ce voyage de retour a été de 19 litres aux 100 kilomètres.

J’ajoute en terminant que la voiture m’a donné pleine satisfaction pendant plus de 2.000 kilomètres et qu’elle constitue un instrument de promenade et de voyage très agréable.

Henri Petit.