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Essai d'une Talbot junior en 1936
Retranscription de l’article publié dans LA VIE AUTOMOBILE le 25 septembre 1936
Auteur: René Charles-Faroux
La Talbot Junior dispose d’un moteur 6 cylindres de 2 litres, contre 4 litres pour la « Baby », elle n’est pas dotée d’une boite de vitesses Wilson mais elle est dotée du même châssis que son ainée, ce qui lui confère un attrait certain.
Bonne tenue de route, bons freins et consommation de carburant modeste, elle n’a pas néanmoins connu le succès qu’elle aurait peut-être mérité.
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CARACTÉRISTIQUES DE LA VOITURE
Moteur 6 cylindres monobloc de 70,5mm d’alésage et 86,5mm de course.
Cylindrée : lL,997.
Rapport de compression : 6 à 1.
Puissance effective : 55 CV à 4 000 tours-minute.
Vilebrequin supporté par 4 paliers.
Soupapes disposées en tête des cylindres et commandées par culbuteurs.
Carburateur Solex inversé à starter.
Réservoir d’essence placé à l’arrière, d’une contenance de 97 litres ; alimentation par pompe mécanique.
Embrayage à disque unique, fonctionnant à sec.
Boite de vitesses à quatre vitesses avant et une marche arrière ; la troisième est silencieuse et elle est synchronisée ainsi que la prise directe.
Rapports des vitesses : 1ère 0,300 ; 2ème 0,444 ; 3ème, 0.638 ; 4ème.
Rapport du couple conique du pont arrière : 5,1 à 1.
Poussée et réaction assurées par les ressorts.
Direction à vis et écrou. Diamètre de braquage : 13 mètres.
Suspension avant à roues indépendantes par ressort transversal, biellettes articulées et deux jambes de force.
Suspension arrière par ressorts semi-elliptiques.
Quatre amortisseurs hydrauliques Repusseau.
Freins Bendix à câbles sur les quatre roues.
Equipement électrique établi entièrement sous 12 volts.
Pneus : 150 x 40.
Voie avant au sol : 1 m,38O.
Voie arrière : 1 m,466.
Empattement : 2m,950.
Poids de la voiture équipée en- ordre de marche : 1,270 kilogrammes.
Nombre de kilogrammes de la voiture par cheval, au régime de la puissance maximum : 23.09.
Prix de la voiture au catalogue (conduite intérieure 4 places 2 portes) : 39.500.

Itinéraire de l’essai — Pont de Saint-Cloud-Versailles par N. 185 ;
Versailles-Rambouillet par N. 10 ; Rambouillet-Ablis par N. 191 ; Ablis- Chartres par N. 188 ; retour par la N. 10 par Maintenon, Rambouillet, Versailles et la N. 185 jusqu’au pont de Suresnes, soit 170 kilomètres environ.
Essai fait dans l’après-midi du samedi 5 août, par beau temps.
Vitesse moyenne — Les vitesses moyennes, partielles et générales, ont été relevées au cours du parcours d’aller, le retour ayant été réservé pour les mesures de freinage et d’accélération. Les 84 kilomètres du parcours ont été accomplis en une heure exactement, ce qui correspond évidemment à une moyenne de 84 kilomètres à l’heure. On pourra tout particulièrement noter que les 28 kilomètres d’Ablis à Chartres ont été parcourus en 18 minutes, ce qui correspond au chiffre de 93,33 comme moyenne partielle sur ce parcours.

Vitesse maximum — Le kilomètre lancé est parcouru en 31 s. 1/5, ce qui correspond à 115 kilomètres à l’heure.
Consommation d’essence — Elle ressort à 15 litres aux 100 kilomètres.
Consommation d’huile — Comme d’habitude chez Talbot-Lago, il a été impossible d’enregistrer la moindre baisse du niveau dans le carter.
Consommation d’eau — Mémoire.
Essai de démarrage — Le graphique joint à l’article fait ressortir de la manière la plus éloquente les qualités de reprises de la Talbot Junior. On y remarque particulièrement qu’on est à 100 à l’heure au bout de 600 mètres.
Essai de freinage — Les freins de la voilure sont excellents ; on remarque en particulier, sur le graphique correspondant, que la voiture roulant à 80 à l’heure s’immobilise complètement en moins de 25 mètres. Les caractéristiques du châssis de la Talbot Junior étant rigoureusement les mêmes que celles du châssis de la Baby-Sport, devenue si rapidement renommée à raison, en outre de ces autres qualités mécaniques, d’une tenue de route et d’une sécurité incomparables alliées au confort optimum, il est tout naturel de retrouver les mêmes avantages lors de l’essai de la Junior. Nous répéterons donc ici que la suspension est remarquable à toutes les allures, et ceci aussi bien pour les places avant que pour les occupants des sièges arrière : ce résultat est assez exceptionnel pour qu’on estime indispensable de le souligner ici. Mais ceci tient à la réalisation du système de roues avant indépendantes, qui est, on le sait, remarquable. D’autre part, l’abaissement rationnel du centre de gravité, la judicieuse répartition des masses, la réalisation d’un châssis doué de la rigidité maximum puisque composé d’éléments tubulaires, ont permis d’assurer à la voiture une tenue de route réellement exceptionnelle, à laquelle, certainement, la présence des amortisseurs hydrauliques Repusscau contribue pour une bonne part.

Donc, stabilité parfaite, autorisant réellement toutes les audaces, même dans les conditions les plus difficiles. La direction est à la fois précise, douce, sûre, exempte de réactions : mais nous sommes depuis longtemps déjà habitués à considérer la direction des Talbot-Lago comme étant parmi les réalisations les plus parfaites. Les freins sont excellents, à la fois très énergiques et très progressifs — mais ceci a déjà été dit plus haut. Le moteur, lui, ne vibre absolument pas, à quelque régime que ce soit : il est d’autre part parfaitement silencieux : seul le bruit de l’échappement avertit de son fonctionnement. Embrayage très progressif et d’une commande très douce. Boîte de vitesses classique, très bien exécutée : en particulier, le synchroniseur remplit parfaitement son office. La carrosserie, enfin — elle est identique à celle de la Baby-Sport — est en tous points remarquable.

Les sièges avant et arrière sont parfaitement confortables, et la visibilité, excellente, permet au conducteur de toujours voir ses deux ailes avant sans qu’il ait aucunement à se déranger : la chose est particulièrement précieuse pour les manœuvres urbaines. Et la caisse demeure toujours parfaitement silencieuse. Parmi les voitures de cylindrée moyenne, la Talbot Junior peut être considérée comme une des plus brillantes et des plus économiques à la fois ; il suffit pour s’en convaincre de comparer sa vitesse maximum et ses moyennes à sa consommation. Peu de voitures de même cylindrée, certainement, sont capables de faire aussi bien. Bref, une remarquable voiture, extrêmement sûre, qui fait à Talbot-Lago le plus grand honneur.
René Charles-Faroux
