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La Peugeot 402 Légère en 1937
Retranscription de l’article paru dans La Vie de l’Automobile de 1937 – Salon de l’Auto Paris.
« Une 302 avec un moteur de 402 », c’est cela la « Légère » de chez Peugeot. On trouvera dans cet article, outre la description de cette attachante voiture, des informations intéressantes à propos par exemple des carburants utilisés à l’époque.
Essai d’une voiture PEUGEOT 402 légère
CARACTÉRISTIQUES DE LA VOITURE
Moteur quatre cylindres de. 83 millimètres d’alésage, 92 millimètres de course (cylindrée 1.991 cm3).
Culasse Alpax. Soupapes en dessus commandées par culbuteurs.
Graissage sous pression.
Vilebrequin à 3 paliers. Allumage par batterie.
Carburateur Zénith-Stromberg inversé. Équipement électrique 12 volts.
Embrayage à disque unique sec.
Boîte de vitesses électromagnétique système Cotal, quatre vitesses. Pont arrière à vis (5 X 23).
Poussée et réaction par tube central. Suspension à roues indépendantes à l’avant, ressorts cantilever à l’arrière.
Amortisseurs hydrauliques Peugeot.
Roues et pneus Dunlop 150 X 10.
Carrosserie série conduite intérieure 4 places.
Poids de la voiture à vide, 1.170 kilogrammes.

Nous avons publié déjà les essais des voitures Peugeot type 402 et type 302. La voiture dont nous allons parler aujourd’hui est la 402 légère, c’est-à-dire la voiture 302 avec moteur 402. Cette voiture est munie d’un changement de vitesse électromagnétique Cotal. Nous ne donnerons sur elle que quelques précisions, puisque nos lecteurs sont au courant par ailleurs des performances de la 402 et de la 302 : bien entendu, on retrouvera sur la 402 légère les mêmes qualités de suspension, de direction et de tenue de route que sur la 302 normale, puisque c’est le même châssis. Ce qu’on trouvera de nouveau par contre, ce sont des qualités de reprise supérieures à celles que possèdent les deux modèles précédents.
La 402 légère pèse en effet en ordre de marche 1.150 kilogrammes, et le moteur dont elle est munie (un moteur 402 à culasse Alpax, taux de compression 7) donne 60 CV à 4.000 tours. Ajoutez qu’elle a une boîte à 4 vitesses et vous pourrez en conclure immédiatement qu’elle doit présenter — et qu’elle présente en effet — de magnifiques possibilités du point de vue démarrage et reprises : la courbe que nous donnons ci-après l’indique d’ailleurs nettement. |

Ces qualités se répercutent sur la vitesse moyenne : nous donnons ci-après un diagramme effectué sur un parcours qui nous est familier ; on verra que, sans qu’on ait poussé à aucun moment du trajet, la vitesse moyenne entre Paris et Evaux atteint 87km,300 à l’heure. Nous attirons spécialement l’attention de nos lecteurs sur la moyenne réalisée entre Montluçon et Evaux, soit 73 kilomètres à l’heure : cette section peut être considérée comme une route dure en raison des déclivités importantes et des virages très nombreux. Au cours de cet essai,
la voiture était occupée par trois personnes.
La consommation se ressent également du faible poids de la voiture :pour une moyenne de l’ordre de celle qui a été réalisée au cours du voyage dont nous venons de parler, la consommation est d’environ 13,500 litres aux100 kilomètres. Elle descend à 12,500 litressi on se limite à une moyenne de 75 kilomètres à l’heure.
Dans Paris, cette voiture consomme entre 13 et 14 litres suivant les quartiers où l’on circule et aussi les heures de la journée.
Je possède sur elle une documentation abondante et précise, puisqu’elle est en ma possession depuis fin janvier. J’ai accompli depuis cette date environ 15.000 kilomètres, soit sur route, soit dans Paris. C’est d’ailleurs la voiture dont je me sers tous les jours pour la ville : c’est dire par conséquent que, malgré son moteur poussé, elle reste parfaitement maniable.
Quelques précisions maintenant du point de vue mécanique : j’avais demandé cette voiture avec un pont de 5 X 22. Elle atteignait dans ces conditions une vitesse maximum de 120 kilomètres à l’heure (vitesse chronométrée dans les deux sens). Mais l’accélération à partir de 90 kilomètres à l’heure était assez lente. Sur ma demande, le pont a été changé pour un 5 X 23. La vitesse maximum est restée sensiblement la même, mais la voiture est beaucoup plus brillante et l’accélération, aux environs de 100 kilomètres à l’heure, est bien meilleure. Les moyennes réalisées sont plus élevées avec le nouveau pont qu’avec l’ancien. La consommation ne m’a pas paru varier, ou, dans tous les cas. les variations n’ont pas dépassé 5 p. 100.
Le moteur est alimenté uniquement au carburant poids lourd. J’y ajoute de l’huile pour la ville. Il s’accommode moins bien du carburant tourisme avec lequel il cliquette un peu. Bien entendu, il est très heureux quand on lui donne un supercarburant.
J’ai essayé successivement deux boîtes de vitesses dont la démultiplication était pour la première boîte de 0,68 en troisième vitesse pour 1 en prise directe. La deuxième boîte avec laquelle je roule actuellement a une démultiplication de 0,72 en troisième. Je la considère comme bien plus agréable que la précédente, parce qu’elle permet de monter plus haut en troisième.
Pour la circulation en ville, l’allure normale, dans les quartiers encombrés, est la troisième. Dans les rues un peu plus libres, on utilise alternativement troisième et quatrième, l’utilisation permanente de la troisième ne présentant aucun inconvénient en raison du silence absolu de la boîte sur cette combinaison. Je n’ai pas à répéter ici ce que je pense de la boîte électromagnétique Cotal : j’ai dit à plusieurs reprises que je la considérais comme un perfectionnement important dans la conduite de la voiture. Où l’on sent le plus son agrément, c’est quand on quitte une voiture qui en est munie pour en prendre une avec boîte mécanique.
Un dernier mot du point de vue de la suspension et de la tenue de route. La suspension est d’une douceur remarquable; quant à la tenue de route, elle reste bonne même aux grandes vitesses, malgré l’exiguïté relative du châssis. On peut utiliser la voiture à fond sans aucune préoccupation ni arrière-pensée, quelle que soit la qualité du sol.
La direction extrêmement douce, pas trop démultipliée, revient parfaitement après les virages. Je considère cette voiture comme l’une des plus agréables qu’il m’ait été donné de conduire. Les moyennes qu’elle permet de réaliser font qu’elle peut lutter avantageusement avec bien des grosses voitures, et le prix de revient des moyennes élevées reste avec elle tout à fait raisonnable.
Rappelons que c’est un modèle analogue qui a remporté aux Vingt-quatre Heures du Mans la belle victoire que l’on sait : les trois voitures qui ont pris le départ ont figuré toutes les trois à l’arrivée après être restées groupées pendant la presque totalité de l’épreuve.
Henri PETIT


